Connu pour ses positions antisémites, anti-immigration et homophobes, Udo Voigt siège
au Parlement européen depuis les élections du 25 mai. | UWE ANSPACH/AFP
Ce jour-là, Udo Voigt a pris l'un des derniers vols pour rentrer chez lui, à Berlin.
« Celui de 20 heures », précise-t-il. L'eurodéputé du Parti national démocrate
d'Allemagne (NPD), une formation néonazie, siège au Parlement depuis les élections du 25 mai. Il prend ses nouvelles fonctions avec sérieux et veut le faire
savoir . Il tenait, dit-il, à travailler toute la journée à Strasbourg , où il
participait, ce mercredi 23 juillet, à une session de la Commission des libertés
civiles.
Connu pour l'admiration qu'il porte à Hitler, ses positions antisémites, antiimmigration
et homophobes, M. Voigt entend profiter de son appartenance à cette commission pour
« défendre la liberté d'opinion ». « Je me battrai, dit-il, pour que les nationalistes d'Europe ne soit pas emprisonnés pour leurs idées »,
évoquant l'incarcération de députés du parti néonazi grec, Aube dorée, et celle
du négationniste allemand Horst Mahler, un fils de militants nazis, ancien terroriste de la Fraction armée rouge, passé à l'extrême
droite.
Udo Voigt fait partie de ces « énergumènes » – comme les qualifie Alain
Lamassoure, chef de la délégation française du Parti populaire européen (PPE,
droite) – parvenus à entrer au Parlement à l'issue des élections de mai. M. Voigt
a fait irruption au Parlement avec seulement 1 % des voix, grâce à une modification de la loi électorale allemande, qui a fait disparaître le seuil de 3 %
pour siéger à Strasbourg. En dépit de la gêne qu'il suscite, « il est député, il est
élu, il a tous les droits », commente une source bruxelloise.
« DE TOUTE FAÇON, ILS VOTENT NON À TOUT »
Mais M. Voigt est isolé, comme la plupart des autres membres de partis
d'extrême droite plus ou moins fréquentables évoluant sous la dénomination
vague de « non-inscrits » (NI). Parmi eux, le Front national (FN), qui dispose
désormais de 23 représentants au Parlement, contre 3 lors la précédente
législature, et n'a pas réussi à constituer un groupe avec d'autres formations
europhobes et populistes.
M. Voigt fait enrager les sociaux-démocrates, libéraux ou conservateurs, mais sans vraiment effrayer . Avec 52 non-inscrits (sur 751 parlementaires), aucun
grand parti n'aura à se compromettre avec eux pour faire passer un texte ou un
amendement. « De toute façon, ils votent non à tout, il n'y a rien à négocier »,
commente un eurodéputé, plus inquiet de l'influence des eurosceptiques
britanniques.
En dépit de leur prétention à « détruire l'Europe de l'intérieur », comme l'affirme
Marine Le Pen , la présidente du FN, personne n'imagine les « NI » capables de
modifier l'agenda européen. « Leur objectif n'est pas de peser mais de faire des
“clashs”. De pouvoir rentrer chez eux et dire : “On leur a dit” », commente Jean-Dominique Giuliani, président de la Fondation Robert-Schuman. Si M. Voigt joue
les bûcheurs assidus, la plupart des NI désertent l'hémicycle.
« “NÈGRE” N'EST PAS UN GROS MOT »
Il n'empêche. L'atmosphère est pesante, voire nauséabonde. La séance
plénière du mercredi 16 juillet, où les parlementaires débattaient du chômage
des jeunes, a donné un avant-goût de ce que les « énergumènes », peuvent faire . Le député polonais Janusz Korwin-Mikke, un monarchiste ultralibéral à la
tête du Congrès de la nouvelle droite (KNP), a fait ce jour-là un parallèle douteux entre les jeunes chômeurs d'Europe et les
« nègres ».
« Dans mon pays, “nègre”, ce n'est pas un gros mot », explique le Polonais
sans l'ombre d'un regret. « Les jeunes sont les négros du XXIe siècle », appuiet-il, rappelant que John Lennon avait fait de la femme, dans un de ses
chansons, la « négresse du monde ». « Pour que le monde redevienne normal,
il faut parler un langage normal », poursuit-il. Et pour M. Korwin-Mikke, un
monde normal ce n'est pas la démocratie, « où un idiot a le même droit de vote
qu'un professeur d'université ».
« C'est inacceptable », s'étouffe Tanja Fajon, vice-présidente du groupe social -
démocrate. La députée estime qu'il faut sanctionner immédiatement M. Korwin-Mikke, de peur qu'une
« dangereuse rhétorique » ne s'installe sournoisement dans l'hémicycle. Une crainte largement partagée.
Le président du Parlement européen, Martin Schulz, a promis d'agir , mais il
manque de moyens. Il peut infliger une réprimande, une sanction financière de quelques milliers d'euros, voire expulser l'intéressé pour quelques jours. Guère
plus. Impossible de stopper sur-le-champ des propos outranciers. Le seul moyen est de faire du brouhaha. Au bout de trois rappels à l'ordre, le président
peut décider d'expulser . Mais peut-être est-ce ce dont rêvent ces provocateurs
?
Claire Gatinois (/journaliste/claire-gatinois/)
Journaliste au Monde
D
Die
gefährliche Rhetorik der Sonderlinge vom Europaparlament
Bekannt wegen seiner Bewunderung für Hitler, seiner antisemitischen, anti-Einwanderungs- und homophoben Positionen,
ist Udo Voigt Mitglied des Europäischen Parlamentes seit den Wahlen vom
25. Mai.
An diesem Tag hat Udo Voigt einen der letzten Flüge genommen, um nach Hause zu fliegen,
nach Berlin. „Den von 20 Uhr“, betont er. Der Europaabgeordnete der Nationaldemokratischen Partei Deutschlands (NPD), einer Neonazi-Formation, sitzt seit den Wahlen vom 25.
Mai im Parlament. Er nimmt seine neuen Aufgaben mit Ernst an und will, daß man es erfährt. Er
wolle, so sagt er, den ganzen Tag in Straßburg arbeiten, wo er, an diesem Mittwoch, den 23. Juli, an einer Sitzung des Ausschusses für bürgerliche
Freiheiten teilnimmt.
Bekannt wegen seiner Bewunderung für Hitler, seiner antisemitischen, anti-Einwanderungs- und homophoben Positionen,
ge
denkt Herr Voigt seine Mitgliedschaft in diesem Ausschuß zu nutzen, um
„die Meinungsfreiheit zu verteidigen“. „Ich werde dafür kämpfen“, sagt er,
„daß die Nationalisten Europas nicht für ihre Ansichten eingesperrt
werden“, auf die Haftstrafen der Abgeordneten der griechischen Neonazi-Partei Goldene Morgenröte hinweisend, und auf die des deutschen Holocaust-Leugners Horst Mahler, eines Sohnes von Nazi-Aktivisten und
ehemaligem Terroristen der Roten Armee Fraktion, der zu den Rechtsextremen gewechselt ist.
Udo Voigt ist Teil der „Sonderlinge“ – wie sie von Alain Lamassoure,
Vorsitzendem der französischen Delegation der Europäischen Volkspartei (EVP,
Rechte), bezeichnet werden –, die es geschafft haben, in das Parlament bei den Wahlen im Mai zu gelangen. Herr Voigt ist mit gerade mal 1% der Stimmen in das Parlament
gekommen, dank eine Änderung des deutschen Wahlgesetzes, welche die 3%-Hürde verschwinden
ließ, um in Straßburg sitzen zu können. Trotz der Verlegenheit, die er erzeugt:
„Er ist Abgeordneter, er ist gewählt, er hat alle Rechte“, kommentiert eine Brüsseler Quelle.
„Wie auch immer, sie
votieren bei allem mit Nein“
Aber Herr Voigt ist isoliert, wie die meisten der anderen mehr oder weniger
frequentierbaren Mitglieder der rechtsextremen Parteien, die unter der schwammigen Bezeichnung der „Fraktionslosen“ (NI) tätig sind. Unter ihnen, der Front National
(FN), der nun über 23 Vertreter im Parlament verfügt, gegenüber den 3 in der vorherigen Legislaturperiode. Er hat es nicht geschafft, eine Fraktion zu bilden mit den anderen europhoben und populistischen Gruppierungen.
Herr Voigt macht die Sozialdemokraten, Liberalen oder Konservativen rasend, aber ohne sie
wirklich zu ängstigen. Mit 52 Fraktionslosen (von 751 Parlamentariern) wird keine große Partei sich mit ihnen kompromittieren müssen, um einen Text oder einen Änderungsantrag durchbringen zu müssen.
„Wie auch immer, sie votieren bei allem mit Nein, es gibt nichts zu verhandeln“, kommentiert ein Europaabgeordneter, mehr besorgt über den Einfluß der euroskeptischen Briten.
Trotz ihrer Absicht, „Europa von innen zu zerstören“, wie dies Marine Le Pen, die Präsidentin des FN kundtut, kann sich niemand
vorstellen, daß die „NI“ in der Lage sind, die europäische Agenda zu ändern.
„Ihr Ziel ist es nicht, bedeutsam zu sein, sondern „Konflikte“ zu
erzeugen“ . Damit sie nach Hause fahren können und zu sagen: „Wir haben es denen gesagt“, kommentiert Jean-Dominique
Guiliani, Präsident der Robert Schuman Stiftung. Wenn Herr Voigt das eifrige Arbeitstier spielt,
verlassen die meisten der NI den Plenarsaal.
„“Neger“ ist kein Schimpfwort“
Wie auch immer. Die Atmosphäre ist schwierig, selbst abstoßend. Die Plenarsitzung am Mittwoch, den 16. Juli, in der die Parlamentarier die Jugendarbeitslosigkeit debattierten, hat einen Vorgeschmack dafür gegeben, was diese
„Sonderlinge“ machen können. Der polnische Abgeordnete Janusz
Korwin-Mikke, ein ultraliberaler Monarchist in der Führung des Kongresses der Neuen Rechten
(KNP), hat an diesem Tag einen zweifelhaften Vergleich zwischen den jungen Arbeitslosen Europas und den
„Negern“ gemacht.
„In meinem Land ist „Neger“ kein Schimpfwort“, erläutert der Pole ohne den leisesten Anschein des Bedauerns.
„Die Jugendlichen sind die Neger des 21. Jahrhunderts“, betont er, daran erinnernd, daß John Lennon in einem seiner Lieder seine Frau zur
„Negerin der Welt“ gemacht hatte. Damit die Welt wieder normal wird, muß man eine normale Sprache sprechen“, fährt er fort. Und für Herrn Korwin-Mikke ist eine normale Welt nicht die Demokratie, „in der ein Idiot das gleiche Wahlrecht hat wie ein Universitätsprofessor“.
„Das ist unannehmbar“, erregt sich Tanja Fajon, Vize-Präsidentin der sozialdemokratischen Fraktion. Die Abgeordnete meint, man müsse umgehend Herrn Korwin-Mikke
sanktionieren, aus Sorge, eine „gefährliche Rhetorik“ könne sich auf hinterhältige Weise im Plenarsaal breit machen. Eine Sorge, die von vielen geteilt wird.
Der Präsident des Europaparlaments, Martin Schulz, hat versprochen zu handeln, aber ihm fehlen die Mittel. Er kann eine
Rüge aussprechen, eine Geldstrafe von mehreren Tausend Euro verhängen, selbst den Betroffenen für einige Tage hinauswerfen lassen. Kaum mehr. Unmöglich an Ort und Stelle diese übertriebenen Äußerungen aufzuhalten. Das einzige Mittel besteht darin, lauthals Protest zu äußern. Nach drei Ordnungsrufen kann der Präsident einen Ausschluß
verhängen. Aber vielleicht ist es das, wovon die Provokateure träumen?
ABCD
Claire Gatinois (/journalistin/claire-gatinois/)
Journalistin beim Monde